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Manifeste pour que les trains ne soient plus en retard

Nous sommes journalistes.

Nos parcours sont classiques : école de journalisme, stages, piges, contrats. Nous avons travaillé dans des quotidiens, des chaînes de télévision et des radios nationales, pour des sites d’information à forte audience. Nous avons connu le desk et le terrain, en France comme à l’étranger.

Nous avons fait tout cela avec des ambitions très classiques chez les personnes qui ont choisi ce métier : voir et raconter, écouter et transmettre, comprendre et expliquer.

Très vite, nous avons heurté un mur.
Un mur fait de briques ultra-pessimistes. Un mur dont le ciment est le dramatique. Qui construit la résignation plutôt que l’envie d’agir.

Sur le terrain, nos lecteurs nous disaient qu’ils ne nous lisaient plus. Nos auditeurs nous disaient qu’ils ne nous écoutaient plus. Nos spectateurs nous disaient qu’ils ne nous regardaient plus. En plus du reste (nos dépendances, nos docilités, nos mensonges…), nous étions devenus trop anxiogènes.

Pourtant, en reportage, chaque jour, nous croisions des gens résolument constructifs. Actifs face aux problèmes, porteurs de solutions. Sur tous les sujets, à toutes les échelles. Pas des rêveurs, simplement des audacieux.

Dans nos rédactions, ils n’avaient pas voix au chapitre. C’est la fameuse histoire des trains qui arrivent en retard. Depuis l’école, on entend ça. Un train qui arrive à l’heure, ce n’est pas une information. Un train qui arrive en retard, si. Le chômage de masse, le dérèglement climatique, l’isolement des seniors, les déserts ruraux sont des informations. Les leviers qui permettent de lutter contre tout ça, non.

Comprenez que nos audacieux n’avaient rien à faire dans nos médias.

Ça nous faisait une bonne raison de plus pour ne pas aimer les trains en retard.

Nous avons quitté nos rédactions, discrètement, sans claquer la porte. Nous avons construit la nôtre. Avec du scotch et des bouts de ficelle. Sans prétention, sans penser que nous révolutionnerions quoi que ce soit. Juste avec le sentiment que nous serions plus utiles – et plus heureux – comme ça. Juste avec l’ambition de donner la parole, et un peu de lumière, à ceux qui agissent, qui activent des leviers constructifs. Qu’ils soient simples citoyens, qu’ils viennent du monde associatif ou de l’entreprise, qu’ils soient élus locaux ou mènent de grandes politiques nationales.

Depuis quelques années, nous avons choisi d’être des reporters de l’espoir. De raconter la transition. Que chacun de nos lecteurs, de nos auditeurs, de nos spectateurs, puisse trouver dans nos contenus de quoi se mettre en mouvement. Comprendre, réfléchir et agir. S’inspirer les uns les autres. Participer à la prise de conscience collective.

Nous n’occultons pas les enjeux majeurs auxquels notre société est confrontée, nous les traitons simplement par un prisme différent. La dénonciation par l’action. L’action dans toute sa multitude, dans toute son imperfection. Individuelle ou collective, isolée ou internationale. Avec ses limites, ses obstacles, ses contradictions.

Nous sommes journalistes et nous avons choisi de parler des solutions pour que les trains ne soient plus en retard.

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